Histoire 3
Trad: Santas et Aziasus
Prédiction
Un avenir terrifiant…
Haïda était une femme au foyer travailleuse, une compagne loyale et une mère aimante. Elle était mariée depuis treize ans et avait eu la chance d’avoir quatre enfants. Tous étaient des garçons. L’aîné avait onze ans, le deuxième neuf, le troisième sept, et le plus jeune n’avait que cinq ans. Le mari de Haïda était un médecin prospère.
Dans l’ensemble, la vie d’Haïda avec sa famille était parfaite et harmonieuse. Mais récemment, Haida a commencé à faire des cauchemars.
Elle rêvait d’images horribles. Au début, les rêves étaient de vagues images de cadavres, de sang et de meurtres, entre autres. Cependant, les rêves devenaient de plus en plus clairs au fil des jours. Jusqu’à ce qu’une nuit, alors qu’Haida dormait, elle rêva d’un événement horrible. Un événement qui affectait sa famille.
Dans ce rêve, son mari et ses quatre enfants étaient assassinés de sang-froid. Cependant, le visage du meurtrier était flou.
Haida s’est réveillée en état de choc. Elle a frotté sa poitrine palpitante en murmurant la shahadah[1]. Elle a essuyé la sueur sur son cou, puis a regardé son mari qui dormait profondément. Elle a ensuite vérifié que ses enfants allaient bien. Ils dormaient tous paisiblement. Haïda a poussé un gros soupir de soulagement.
Malgré cela, chaque nuit, le même rêve se répétait, devenant chaque fois plus clair. Par exemple, grâce à son rêve, Haïda a découvert que le meurtre aurait lieu pendant l’anniversaire de son aîné. Elle l’a déduit des diverses décorations, telles que des ballons et un gâteau à moitié mangé sur lequel étaient encore inscrites des lettres du prénom du garçon. L’affaire dérange Haïda, car elle et son mari avaient vraiment prévu une fête d’anniversaire la semaine prochaine. Bien que légèrement, ces rêves l’affectaient même si elle ne les prenait pas au sérieux, elle se disaient juste que son esprit devait lui jouer des tours.
Cependant, son avis a changé en un clin d’œil. Haida a rêvé qu’elle marchait avec sa famille dans un centre commercial pour acheter les articles nécessaires à la fête. Au début, Haida comme pour les précédent n’a pas spécialement prêté attention à ce rêve, mais le lendemain, elle a été effrayée et confuse quand chaque acte spécifique qui s’est produit dans le rêve s’est vraiment produit dans la réalité. Chaque petit détail était similaire. Que se soit le centre commercial où ils sont allés, les magasins qu’ils ont visités et aussi les articles qu’ils ont achetés. Même le cadeau que son mari a choisi pour leur fils était exactement le même. Comment est-ce possible alors qu’elle n’en a parlé à personne ?
Haida a commencé à paniquer mais garda ses sentiments pour elle. Elle ne voulait pas que sa famille s’inquiète. C’est pourquoi ses journées se passèrent comme d’habitude.
Cette nuit-là, Haida a encore fait un rêve. Cette fois, il était très long. Il la montrait du matin au soir. Le matin, elle est allée dans la chambre de l’aîné et lui a souhaité un bon anniversaire. Ensuite, elle et son mari ont fait tous les préparatifs pour la fête qui avait lieu le soir même. Haïda préparait la nourriture tandis que son mari plaçait toutes les décorations, comme les ballons et une banderole sur laquelle était écrit « JOYEUX ANNIVERSAIRE ». Le soir, les invités, qui comprenaient les amis de son enfant et même des connaissances de la famille, sont arrivés. Ils ont célébré l’anniversaire dans la joie et la bonne humeur. Alors que la nuit tombait, les invités ont commencé à rentrer. Haida, son mari et leurs quatre enfants se prélassaient devant la télévision, se sentant trop fatigués jusqu’à ce qu’ils s’endorment. Soudain, Haïda a vu quelqu’un s’introduire dans leur maison et tuer toute sa famille qui dormait sur le canapé. Un par un, jusqu’à ce qu’ils soient tous morts. Couvertes de sang, Haida a crié. Elle s’est réveillée. En regardant l’horloge sur le mur, elle a vu qu’il était 6h30 du matin. C’était l’heure de se réveiller. Aujourd’hui sera une longue journée. Elle doit se préparer pour la fête d’anniversaire de son enfant.
Après s’être douchée, Haïda se rendit devant la chambre de son enfant. Son plan était de réveiller le garçon et de lui souhaiter un joyeux anniversaire, mais elle est restée là. Pour une raison quelconque, elle a hésité. Les choses pourraient peut-être être similaires à ce qui s’est passé dans son rêve ? Haïda rejeta cette pensée au loin. Elle entra dans la chambre. Son fils était déjà réveillé mais il était toujours assis sur le lit. Il portait un pyjama bleu. Semblable à celui du rêve d’Haïda. Cela l’a rendait inquiète.
Toute la journée, les événements, un par un, ont rendu Haïda agitée. Des choses les plus triviales aux plus petits détails, tout ce qui se passait dans son rêve se reflétait dans la réalité. Haïda est devenue très agitée. Son cœur palpitait tellement qu’elle ne pouvait même pas se concentrer sur la fête d’anniversaire de son fils, ayant très peur de la suite de la journée. Elle ne voulait pas que tout le monde rentre chez soi, laissant sa famille seule dans la maison. Haida avait peur que ce dont elle avait rêvé ce mois-ci devienne réalité. Elle était effrayée.
La fête d’anniversaire s’est terminée. Tout le monde était parti. Le mari et les fils de Haïda étaient assis, fatigués, devant la télévision, se prélassant sur le canapé. Haïda ne pouvait que les observer. Elle ne voulait pas les quitter des yeux, même pour une seconde. Haïda regardait ses proches s’endormir les uns après les autres, peut-être parce qu’ils étaient épuisés de s’être amusés. Ensuite, Haïda a fixé la porte d’entrée. D’un moment à l’autre, quelqu’un allait s’introduire par cette porte et poignarder sa famille un par un avec un couteau. Les tuant sous ses yeux. Les gens qu’Haïda aimait le plus au monde. Haida ne pouvait pas imaginer sa vie sans eux. Ils étaient tout pour elle.
Haïda avait trop peur de les perdre. Elle ne pouvait pas le supporter. Peu importe ce qui se passerait, elle ne laisserait jamais la vie de sa famille tombée entre les mains d’un cruel meurtrier, comme dans ses rêves.
Ainsi, Haïda se rendit à la cuisine. Elle ouvrit un tiroir et en sortit un couteau aiguisé. Haida a apporté le couteau dans la salle de télévision où son mari et ses enfants dormaient profondément. Elle a inhalé profondément. Puis, sans aucune hésitation, Haida a poignardé sa famille un par un avec le couteau. En commençant par son mari, son premier fils, jusqu’au dernier enfant. Haïda les a poignardés d’innombrables fois pour s’assurer qu’ils étaient vraiment morts. Une fois terminé, Haïda a laissé un souffle de soulagement. Maintenant, personne ne pouvait faire du mal à sa famille. Haïda était assise, entourée des cadavres de sa famille, souriant. Elle se sentait calme. Parce que la prédiction qu’elle avait rêvé ne se réalisera jamais.
-Fin-
Munir est resté bouche bée. Il ne s’attendait pas à ce que l’histoire se termine de cette façon. Alors qu’il était perdu dans ses pensées, quelques enfants du village sont venus lui rendre visite.
« Assalamualaikum, grand frère Munir ! Quand es-tu revenu ? » demande un jeune de dix ans. Il tenait un journal à la main. Il venait probablement d’être acheté à l’épicerie.
« Cela fait déjà quelques jours. Que faites-vous ici ? » a demandé Munir en se levant pour s’asseoir sur les marches de la véranda. [2]
« Nous avons quelque chose à te dire mais c’est un peu bizarre… »
« Quoi ? »
« Euh… tu as ramené un enfant ? »
« Ouais. Il a à peu près votre âge, les gars. Sept ans. Pourquoi ? Tu veux jouer avec lui ? »
« Eh, non… C’est juste que nous l’avons vu plus tôt. »
« Où l’avez-vous vu ? »
Les enfants ont échangé des regards.
« Où l’avez-vous vu ? Pour autant que je sache, il n’est allé nulle part. Il est resté dans sa chambre tout ce temps. » dit Munir, sévère.
« Euh… on l’a vu s’envoler par la fenêtre. Puis il est retourné à l’intérieur. »
« Hein ? Tu es ridicule ! »
« C’est vrai… On l’a vu… »
« Assez ! Arrêtez de dire n’importe quoi. Allez-vous-en ! Faire vos devoirs serait mieux que de débiter des bêtises. Dégagez ! » gronda Munir.
Les enfants repartirent en toute hâte, effrayés par Munir qu’ils savaient féroce. Ils étaient si pressés que l’un d’entre eux laissa le journal derrière lui. Munir le prend et lit le titre de la première page.
Une femme a été arrêtée après avoir été suspectée du meurtre de son mari et de ses quatre enfants.
Munir laisse tomber le journal sur le sol, choqué. Il se masse la tête. En poussant le journal avec sa jambe, il relut le titre.
« Ah… juste une coïncidence… »
Munir est retourné dans la véranda. Il regarda le roman noir qui était posé là. Si ça ne tenait qu’à lui, il voulait vraiment arrêter de lire ce roman. Pourtant, pour une raison inconnue, son cœur ne le voulait pas. Le vieux livre semblait l’appeler. Munir a soupiré.
« Ce n’est pas mon genre d’arrêter les choses à mi-chemin. Puisque je l’ai lu, autant le finir. » décida Munir.
Il saisit alors sa tasse de café vide et se rendit à la cuisine pour la remplir à nouveau. Puis, il se rendit au même endroit et s’assit dans la même position qu’auparavant. Munir a attrapé le roman.
« Quelle stupide histoire est la suivante… »
[1] Croyance fondamentale de la foi islamique. La réciter montre votre foi en Dieu malgré les mauvaises expériences. Dans ce cas, c’est aussi utilisé comme une étape d’exorcisme.
[2] Maison de village traditionnelle de Malaisie. Véranda avec escaliers.